Le cognac français, victime collatérale... de la guerre commerciale entre la Chine et l’UE ! (2025)

Pékin a contre-attaqué, ce mardi 8 octobre, après que l’Union européenne a voté l’ajout de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois. Dès ce vendredi 11 octobre, elle obligera les producteurs de brandys européens à préalablement verser un dépôt de garantie aux douanes pour pouvoir exporter en Chine. Les membres interprofessionnels du Cognac français s’estime « sacrifiés »

La Chine avait prévenu qu’elle rendrait coup pour coup. Cinq jours à peine après que l’Union européenne a voté une surtaxe douanière sur les véhicules électriques chinois pouvant atteindre les 35 %, Pékin se venge et assène en riposte une taxe provisoire à l’export de 35 % sur les brandys européens.

Pour pouvoir continuer à vendre leurs produits en Chine, les fabricants d’eaux-de-vie à base de vin comme le cognac, la grappa ou encore l’armagnac, devront, avant ce vendredi 11 octobre, déposer des cautions auprès des douanes chinoises d’un montant qui avoisine donc le tiers de la valeur de leurs exportations vers le pays.

Et même si le ministre chinois du Commerce a assuré qu’il ne s’agissait, à ce stade, que d’un dépôt de garantie pour ce que la Chine estime équivalent à des marges de dumping, la filière a bien le sentiment amer d’être une victime collatérale du bras de fer qui oppose actuellement Bruxelles et Pékin. D’autant que l’appellation cognac, production exclusivement française, représente à elle seule la quasi-totalité de ce que compte l’Europe en termes de brandys, soit 95 %.

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C’est donc Paris qui est précisément ciblée par cette mesure de rétorsion. La France est l’un des dix seuls États membres à avoir osé s’exprimer en faveur de la surtaxe douanière sur les véhicules électriques chinois, le 4 octobre. Ce, alors même que la Chine avait élevé plusieurs épées de Damoclès, sous forme d’« enquêtes antidumping », au-dessus de certains produits stratégiques fabriqués au sein de l’Union européenne comme les spiritueux, les produits laitiers et le porc. A contrario, l’Allemagne, dont l’industrie automobile est le pilier de son économie, a, elle, préféré ne pas prendre de risque et a eu le bon goût de se ranger derrière les quatre autres pays qui ont voté non.

Quant à l’Espagne qui se trouvait initialement avoir voté « pour » lors d’un scrutin informel organisé en juillet dernier, elle a finalement privilégié l’abstention, tenue par la peur de perdre sa position de plus grand exportateur de porc et produits à base de porc à destination de la Chine.

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Pour autant, si Pékin a incontestablement subi un revers politique, le fait d’avoir manifesté sa riposte à la mi-octobre ne doit rien au hasard : en effet, les droits compensateurs sur les voitures à batterie chinoises doivent entrer en vigueur au plus tard le 30 octobre prochain.

Façon à peine voilée pour la Chine de maintenir la pression sur l’Union européenne, et par ricochet sur la France, pour qu’elle abandonne ce qui est considéré comme un moyen légitime de rétablir des conditions de concurrence équitables mais aussi une manière de protéger les quelque 14 millions d’emplois directs et indirects de la filière automobile européenne. Alors que la Chine semble prête à aller jusqu’au bout, Paris pourra-t-elle se permettre de conserver ses positions, quitte à sacrifier la filière du cognac ?

Car celle-ci repose essentiellement sur la relation commerciale avec la Chine puisque Pékin n’est autre que le second marché à l’export du spiritueux charentais et qu’elle représente 40 % en moyenne de son chiffre d’affaires.

À en croire la nouvelle ministre de l’Agriculture Annie Genevard qui s’exprimait ce mardi 8 octobre au Sénat, c’est une possibilité. « La France est placée devant un choix des plus difficiles : il y a la préservation de sa filière automobile électrique et il y a aussi le souci de préserver l’un des fleurons de l’agriculture française, le cognac. »

De son côté, la Commission européenne a assuré aux producteurs qu’elle les soutenait, au point de contester ces mesures de rétorsion devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour « défendre l'industrie européenne contre l'usage abusif d'instruments de défense commerciale ».

Problème : cette procédure pourrait prendre des mois, voire des années, avant d’aboutir. Juste le temps pour la filière de s’effondrer, de la même manière que les vins australiens avant elle. En 2021, Canberra avait vu ses produits taxés à plus de 200 % par Pékin, à cause de propos tenus sur l’origine de la pandémie de Covid. Alors leader sur le marché chinois, l’Australie avait vu sa production dégringoler de 1,2 million d’hectolitres exportés en 2020 à 14 000 hectolitres en 2023.

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